Séminaire de formation : clinique et épistémologie
séance du 20/10/2018 Réponse aux questions posées à la fin de la séance du 29/09/2018 Question de R. H. « Je proposerai une question pour la prochaine fois, par exemple formulée comme ça : à quelles conditions et comment un clinicien peut s’aventurer du côté de la psychose ? S’aventurer à écouter la parole d’un psychotique ? » Réponse de T.Nussberger S’aventurer du côté de la psychose nécessite de saisir ce qui est en jeu pour un psychotique et si je voulais être plus juste je dirais saisir ce qui ne fait pas jeu. Posons ce postulat : il n’y a pas de jeu chez le psychotique. Ca ne joue pas. On l’observe d’ailleurs chez les enfants psychotiques. L’espace de jeu comme le disait Winnicott nécessite un espace qu’il a appelé transitionnel. Et en mécanique aussi un rouage pour fonctionner nécessite du jeu. Le jeu c’est un espace de manque ; Ce qui est en jeu c’est la difficulté de réduire le réel à une opération signifiante : un signifiant vient à représenter ce réel. Il y a une mortification de ce réel, un moins de jouissance, une soustraction qui est faite : voilà l’opération à laquelle doit se soumettre le parlêtre ou pas. C’est ce ou pas qui concerne le psychotique. Pour le névrosé cette opération de soustraction l’amène à représenter le réel, à se faire un monde de représentation, le réel est encadré et il donne un sens à son existence, il s’inscrit dans le monde, il trouve un signifiant qui le représente. Quand son monde de représentation est mis à mal par effraction du réel ou de la pulsion le névrosé s’angoisse. Il lui faut retrouver du sens. Le psychotique n’arrive pas à résoudre cette soustraction le signifiant est le réel. La part de jouissance n’est pas ôté, il n’y a pas d’extraction. Son angoisse n’est pas du côté du sens mais de l’excès de jouissance, d’un réel qui l’envahit et qui le submerge . Un trop qu’il devra traiter. Pour le thérapeute il s’agira d’intervenir sur ce trop, border ce trop plein pour que le sujet soit moins envahi. C’est une affaire de plus ou de moins et non une affaire de sens.